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Césarienne : les risques pour le bébé qu'on ne vous dit pas.


De manière générale, on peut noter que la césarienne n'est pas sans risques pour le bébé. Par exemple, une étude portant sur presque 6 millions d'accouchements aux USA entre 1998 et 2001 parue en septembre 2006 dans Birth : Infant and Neonatal Mortality for Primary Cesarean and Vaginal Births to Women with ‘"No Indicated Risk," démontre que le risque de décès du nouveau-né est plus que doublé (1.77 au lieu de 0.62 pour 1000) en cas de naissance par césarienne pour une grossesse à faible risque, c'est-à-dire : présentation céphalique, bébé à terme, pas d'antécédents médicaux. Nous pouvons toutefois regretter que cette étude ne fasse pas la distinction entre césariennes programmées et en cours de travail.


On pense désormais que c'est le bébé qui, lorsqu'il est prêt, déclenche l'accouchement. Si vous subissez une césarienne programmée, votre bébé n'aura pas choisi son heure - on peut donc imaginer que par certains aspects, il n'était pas tout à fait prêt à naître. Selon le terme auquel aura lieu votre césarienne (37, 38, 39 SA), il "manquera" de 300 à 800 gr à votre bébé, par rapport au poids auquel il serait né. Il pourra alors (mais ce n'est pas une obligation) être un peu plus faible, ou avoir un peu plus de mal à téter efficacement, ou ne pas réclamer assez souvent à manger - ce sera alors à vous d'observer, et de proposer le sein plus souvent si vous allaitez.


Absence de travail


Pendant le travail, un certain nombre d'hormones, notamment les catécholamines (noradrénaline), sont sécrétées par le bébé, afin de le préparer à sa vie extérieure. Ces hormones sont des "hormones du stress", elles apparaissent en réaction à un stress, mais surtout, elles déclenchent des réactions physiques destinées à protéger le corps. Elles sont surtout sécrétées en fin de travail, lors de la compression de la tête du foetus.

Dans le cas d'une césarienne programmée, ces hormones ne seront pas sécrétées.

Ces hormones ont pour fonction

* de provoquer un afflux de sang dans les organes vitaux (coeur, cerveau);

* de faciliter la première inspiration;

* de permettre au bébé de "piocher" dans ses réserves, maintenant qu'il n'est plus nourri par le cordon ombilical ;

* d'éveiller le bébé, ce qui explique le regard intense qu'il a dès la naissance.

Cette hormone favorise également le dévelopement olfactif, celui-ci permettant au bébé de distinguer sa mère d'une autre mère.

Par ailleurs, un bébé né par voie vaginale subit plusieurs heures de contractions qui lui font vivre un genre de massage énergique semblant avoir pour fonction d'aider à la maturation de ses poumons. Puis, le passage dans le bassin et le vagin maternel vont "essorer" les poumons du bébé qui étaient jusque là emplis de liquide amniotique et lui permettre ainsi de prendre sa première inspiration.

Voir ce cours pour une description des mécanismes physiques mis en jeu lors du début de la vie aérienne du bébé.



Risques de détresse respiratoire (DRT) et d'inhalation de méconium


Bébé sous une cloche à oxygène suite à une détresse respiratoire, et nourri par sonde.

La détresse respiratoire transitoire (DRT) est une difficulté pour le bébé à évacuer après sa naissance le liquide qui se trouvait dans ses poumons lors de sa vie aquatique in-utero.

Généralement, on traite cette complication par une oxygénothérapie rapide. Voir cette publication de l'OMS pour la conduite à tenir en cas de détresse respiratoire.

On rencontre plus souvent ce trouble lors de césariennes programmées pour deux raisons : les poumons du bébé ne sont pas comprimés pendant le passage par le bassin et le vagin de la mère (ce qui facilite l'expulsion du liquide qu'ils contiennent); et si la césarienne est effectuée hors travail, le bébé ne bénéficie pas des mécanismes hormonaux facilitant la maturation pulmonaire. Si par ailleurs le liquide était teinté (méconium par exemple du fait d'une souffrance foetale), le risque que le bébé respire le méconium augmente, ce qui peut dans certain cas justifier un séjour en néo-natalogie.

Les détresses respiratoires se produisent dans 35,5 pour mille naissances par césarienne hors travail, contre 12,2 pour mille césariennes en cours de travail et seulement 5,3 pour mille naissances par voie basse[1].

Plus la césarienne est pratiquée tôt, plus le risque est important : par exemple deux publications trouvent, pour l'une un risque 2,4 fois plus élevé pour une césarienne entre 38 SA +0 et 38 SA +6, qu'entre 39 SA +0 et 39 SA +6[1], et pour l'autre un risque 12,2 fois plus élevé entre 37 SA +0 et 38 SA +6, qu'après 39 SA +0[2]. Après 39 SA, le risque reste multiplié par 1,9 entre une césarienne programmée et une voie basse[3].

Ces publications s'accordent pour recommander de n'effectuer les césarienne programmée qu'après 39 SA +0 [4].



Usage de produits anesthésiants


Puisque vous serez anesthésiée, votre bébé recevra une petite partie des anesthésiants. Cela peut avoir des effets sur son tonus et ses capacités de succion immédiatement après la naissance.

Cette affirmation est particulièrement vraie dans le cas d'un travail long sous péridurale (le produit a le temps de se diffuser dans le sang), mais est un peu moins vrai dans le cas d'une césarienne sans péridurale préalable : en effet, le bébé étant sorti du ventre très rapidement après la pose de l'anesthésie, il ne reçoit qu'une dose minime de produit.

En revanche, si vous allaitez, et que le cathéter de péridurale reste posé ou que vous êtes sous perfusion de morphine, votre bébé recevra un peu de produit anesthésiant. Cela ne pose pas de problème (voir notre page consacrée à l'allaitement).

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Perturbation de l'établissement du lien mère-enfant ou père-enfant


De manière générale, autant il est de plus en plus admis qu'en cas de naissance par voie basse, il faut faciliter l'établissement du lien mère-enfant en laissant le bébé au contact de sa mère, autant en cas de césarienne ceci n'est pas encore passé dans les moeurs. Par exemple, présenter l'enfant à sa mère après sa sortie n'est pas systématique. Ou encore, le bébé est souvent placé en couveuse pour le réchauffer, après une batterie de soins qui pour certains pourraient attendre, alors qu'un peau à peau avec sa maman (sous une couverture de survie, pendant que l'équipe médicale referme l'incision) ou son papa serait le bienvenu.

Par ailleurs, le premier contact de bébé avec sa maman lors d'une césarienne est souvent plus difficile. La cause en est notamment le lieu de rencontre : un bloc opératoire froid dans le meilleur des cas, c'est-à-dire si la maman est consciente.

Dans les témoignages, il est arrivé que le papa présent lors de la césarienne puisse lui-même couper le cordon ombilical, le bébé ayant été retiré avec le placenta ; ceci n'est toutefois pas une pratique courante !

Si l'accueil de l'enfant est modifié dans le cas d'une césarienne, l'impact réel à long terme de ces perturbations est difficile à évaluer, puisque :

* d'une part, le lien mère-enfant peut être également perturbé en cas de naissance par voie basse, du fait des protocoles hospitaliers par exemple la mise en couveuse.


* d'autre part, la personnalité d'un enfant se construit sur plusieurs années : le style de maternage, l'environnement social et familial, contribueront eux aussi à cette construction, ce qui complique l'évaluation de l'impact du facteur "césarienne" isolé.

Il n'existe pratiquement aucune recherche sur les conséquences d'une naissance par césarienne sur la personnalité de l'adulte ou sur son comportement.

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A long terme : risques d'asthme


Le risque d'asthme augmente en cas de césarienne. Le sur-risque exact semble difficile à évaluer car les publications donnent des valeurs assez variables. Citons par exemples :

* Une méta-analyse sur 23 études trouve un risque x 1,20 d'asthme chez les enfants nés par césarienne[9].

* Diagnostic d'asthme à 8 ans, risque x 1,79 en cas de césarienne, le sur-risque étant encore plus important, 2,91, si les deux parents sont allergiques[10])

Cependant, il semble s'agir essentiellement d'une association entre la détresse respiratoire et le risque d'asthme : la détresse respiratoire étant plus fréquente en cas de césarienne, ce qui pourrait expliquer pourquoi les enfants nés par césariennes semblent plus fréquemment asthmatiques. En effet les enfants avec un diagnostic de détresse respiratoire ou de tachypnée (qu'ils soient nés par voie basse ou par voie haute) ont 1,7 fois plus de risques d'être hospitalisés pour cause d'asthme[11]. En analysant les caractéristiques d'une population d'enfants pré-scolaires diagnostiquées asthmatiques on retrouve ce même lien avec des difficultés respiratoires à la naissance[12]. Ceci pourrait corroborer [13], qui trouve moins de risque d'asthme pour une population à terme (moins sujette à la DRT), que pour les prématurés et [14] qui trouve un risque plus important en cas de césarienne programmée (x 1,59) qu'en cas de césarienne en cours de travail (x 1,42).




A long terme : risques d'allergie


Le lien entre la césarienne et les allergies semble dépendre du type d'allergie :

* Rhinite allergique :

* un risque x 1,23 (méta-analyse sur 7 études).

* Dermatite atopique (eczema)

* ne trouve pas de sur-risque lié à la césarienne (méta-analyse sur 6 études).

* Allergies respiratoires

* ne trouve pas de sur-risque lié à la césarienne (méta-analyse sur 4 études).

* Allergies alimentaires

* trouve un risque x 1,32 (méta-analyse sur 6 études), mais l'association semble incertaine.

* trouve un risque x 4 pour les allergies alimentaires à l'oeuf à 2 ans et demi.

* trouve un risque x 2 de sensibilisation aux allergies alimentaires.

* trouve un risque x 1,18 d'allergie au lait de vache.


Une explication proposée est que lors d'une naissance par voie basse, les bactéries présentes dans votre flore vaginale (les lactobacilles notamment) colonisent les intestins de votre enfant, ce qui lui assure rapidement une meilleure protection. La flore intestinale des enfants nés par césarienne n'est en effet pas identique à celle des enfants nés par voie basse[19]. Ceci pourrait expliquer l'effet sur les allergies alimentaires et l'absence d'effet sur les allergies respiratoires.

A noter qu'allaiter votre enfant pourrait aider à contre-balancer cet effet car l'allaitement a un effet protecteur sur le développement des allergies chez l'enfant de moins de 2 ans[20].

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A long terme : risques d'obésité infantile


Selon ( 21 ], le taux d'obésité à l'âge de 3 ans est deux fois plus élevé chez les enfants nés par césarienne (15,7 %) que chez ceux nés par voie basse (7,5 %). Une étude chinoise[22] cite également la césarienne comme l'un des facteurs de risque d'obésité infantile, tandis qu'une étude brésilienne[23] observe un taux d'obésité à l'âge adulte multiplié par 1,5 chez des individus nés par césarienne.

Cela pourrait tenir au fait que l'acquisition et la composition de la flore intestinale au début de la vie diffèrent selon que le bébé a été au contact de la flore maternelle lors de son passage par les voies génitales ou qu'il est né par voie haute, ce qui a contrecarré sa « colonisation » par les germes maternels. Or, aujourd'hui, de nombreux travaux pointent l'implication de la flore intestinale dans le surpoids. Il a notamment été démontré que l’intestin des individus obèses contient plus de bactéries de type firmicutes et moins de bacteroïdetes que celui des personnes de corpulence normale. On peut donc voir là un éventuel lien entre ce mode d'accouchement et l'obésité infantile.

En revanche, il semble que la naissance par césarienne ne soit pas un facteur de risque d’obésité à l'age adulte. Dans une étude portant sur des données biométriques (poids, taille, indice de masse corporelle et périmètre abdominal) d'individu âgés de 21 ans et les modalités de leur naissance[24], aucune relation n’a pu être mise en évidence entre les modalités de la naissance, l’indice de masse corporelle et le périmètre abdominal.




https://www.cesarine.org/apres/bebe/ pour consulter les références complètes des études.


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